Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) sont heureuses de dévoiler une partie de leur programmation, soit un focus sur le cinéma brésilien contemporain et un programme dédié au collectif Vidéo Femmes, fondé en 1970. Le festival annonce également le début de la prévente de ses passeports pour la 25e édition du festival se déroulera du 17 au 27 novembre.
FOCUS BRÉSIL : PARCOURIR L’AVENIR
Cette année, le regard des RIDM se tourne vers le Brésil, un pays dont les transformations sociales progressistes des 20 dernières années ont permis un éloquent boum cinématographique. Aujourd’hui menacé par une montée de l’extrême droite amorcée en 2018 par l’élection de Bolsonaro et au regard des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, l’avenir des Brésilien·ne·s et des politiques culturelles est encore incertain.
Présenté grâce au soutien financier du gouvernement du Québec et en collaboration avec Olhar de Cinema – Festival international de Curitiba, le programme Focus Brésil explore différentes régions du pays et met à l’honneur les voix d’auteur·trice·s autochtones. À travers ces œuvres, le cinéma s’affirme comme outil critique puissant, capable de provoquer une réflexion et une transformation de la réalité politique et sociale.
Au sein d’un programme de courts et moyens métrages réalisés par des cinéastes autochtones, on pourra voir Summertime, dans lequel Wewito Piyãko porte un regard sur l’enfance du peuple Ashaninka en s’intéressant à leur apprentissage en classe, mais surtout en dehors de l’école; GRIN de Roney Freitas, Isael Maxakali et Sueli Maxakali, qui filme les autochtones de la nation Maxakali alors qu’ils et elles se remémorent la militarisation des communautés autochtones sous la dictature brésilienne dans les années 1970; The Word Became Flesh de Ziel Karapotó, qui offre une réimagination ritualisée de la séquestration des corps, cultures, langues et âmes autochtones par la colonisation; et Karioka, dans lequel le cinéaste Takumã Kuikuro et sa famille quittent leur communauté autochtone pour la célèbre ville de Rio de Janeiro.
Le Focus Brésil permettra aussi de découvrir le gagnant du prix du jury Un certain regard à Cannes 2018, The Dead and the Others de Renée Nader Messora et João Salaviza, qui suit Ihjãc, un jeune homme destiné à devenir shaman qui refuse son destin et quitte sa communauté Krahô pour s’établir dans l’arrière-pays.
Dans Waiting for the Carnival, Marcelo Gomes dresse le portrait d’entreprises familiales sous-traitantes pour l’industrie du jeans dans une petite ville du nord-est transformée par le néolibéralisme. Au centre-ouest, Landless de Camila Freitas suit de près des militant·e·s lors de l’occupation d’une usine de canne à sucre défaillante et offre un regard introspectif sur le quotidien de la lutte populaire pour la réforme agraire.
Explorant les multiples possibilités du documentaire, Cavalo de Rafhael Barbosa et Werner Salles Bagetti capte l’ancestralité africaine qui s’inscrit dans les corps de sept jeunes artistes en processus de création, tandis que Swing and Sway de Chica Barbosa et Fernanda Pessoa est l’oeuvre de deux amies qui correspondent par vidéo, entre le Brésil et les États-Unis, alors que les bouleversements sociaux s’infiltrent dans le quotidien pandémique.
VIDÉO FEMMES : FRAGMENT D’UN HÉRITAGE FÉMINISTE
Fondé en 1973 par Hélène Roy, Nicole Giguère et Helen Doyle, Vidéo Femmes est l’un des premiers centres de production et de distribution d’œuvres vidéographiques féministes au Québec. Jusqu’à sa fusion avec Spirafilm pour devenir SPIRA en 2015, le collectif s’est imposé comme une référence incontournable de la scène artistique féministe québécoise, avec un catalogue de plus de 400 œuvres portant en grande partie sur la condition des femmes. Présentés en collaboration avec SPIRA, les films proposés couvrent les 15 premières années de Vidéo Femmes. Les projections seront accompagnées de discussions avec les réalisatrices Nicole Giguère, Johanne Fournier, Helen Doyle, Lynda Roy, Lise Bonenfant, Marie Fortin et plusieurs invitées dont Nicole Brossard, Calamine et Audrey Nantel-Gagnon.
Vidéo Femmes par Vidéo Femmes de Lynda Roy et Nicole Giguère permet un retour en images avec légèreté et humour sur les débuts d’un regroupement alors en plein essor. Réalisé par Hélène Roy, Une nef… et ses sorcières est une oeuvre de mémoire importante témoignant du processus de création de la pièce de théâtre féministe La nef des sorcières, présentée sur les planches en 1973. Nicole Giguère s’intéresse pour sa part à la scène musicale féminine dans On fait toutes du show-business, une série de portraits rares et hauts en couleur de figures majeures du rock et de la chanson francophone québécoise des années 1980. La cinéaste touche encore à la musique avec Histoire infâme, une mise en images inventive d’une chanson de Louise Portal qui retrace l’histoire douloureuse des femmes.
Les inégalités et discriminations vécues par les femmes sont aussi véhiculées dans Chaperons rouges de Helen Doyle et Hélène Bourgault, l’un des premiers documentaires québécois à aborder frontalement les violences sexuelles, ainsi que dans C’est une bonne journée de Johanne Fournier et Françoise Dugré, un court récit déconstruit sur la dépression et la santé mentale des femmes, sujet longtemps resté tabou dans nos sociétés. Lise Bonenfant et Marie Fortin abordent un autre sujet délicat dans Le sida au féminin, où la caméra laisse toute la place à la parole de trois femmes atteintes du VIH qui parlent de leurs émotions et de leur quotidien.
PRÉVENTE DES PASSEPORTS RIDM
Le passeport RIDM lève-tôt, donnant accès à toutes les projections du festival est maintenant en prévente au tarif spécial de 95 $, taxes incluses. L’achat des passeports à prix réduit est disponible sur la page billetterie du site web jusqu’au 25 octobre. Après cette date, le prix du passeport régulier sera de 135 $ et de 100 $ taxes incluses pour les étudiant·e·s et les personnes âgées de 65 ans et plus.
La programmation complète de la 25e édition des RIDM sera dévoilée le mercredi 26 octobre 2022.