Cinquante ans après 1968, les RIDM, grâce au soutien du Conseil des arts du Canada, présentent trois ateliers qui explorent les enjeux fondamentaux de la pratique documentaire en situation de conflit social. Ces ateliers gratuits seront l’occasion pour les professionnel.le.s, les étudiant.e.s et le grand public de profiter de l’expertise d’invité.e.s exceptionnel.le.s.
ATELIER #1 - Documenter : Un travail à haut risque
Dimanche 11 novembre @ 10h00
Centre Pierre-Péladeau (Studio de musique)
90 minutes
Intervenant: Jonathan Saruk, producteur/directeur photo (Suède)
La pratique documentaire peut impliquer des tournages dans des environnements imprévisibles et dangereux. Tourner dans des zones de conflits ou des contextes propices à l’escalade de la violence exige que les cinéastes et leurs équipes soient bien préparé.e.s, et aient en main le maximum d’outils et de connaissances. Le producteur, directeur photo et photojournaliste suédois Jonathan Saruk a couvert la guerre en Afghanistan de 2008 à 2012, les printemps arabes du Yemen et de Bahreïn en 2011, plusieurs insurrections à Gaza et en Cisjordanie, la rébellion dans l’est de la RDC, ainsi que des événements post-conflit en Sierra Leone, en Ukraine et en Colombie. Il propose dans cet atelier de partager son expérience personnelle et d’outiller au mieux les participant.e.s qui considèrent tourner dans des zones à risque.
Jonathan Saruk offrira un tour d’horizon des questions à se poser et des possibilités à envisager, tout en illustrant sa présentation d’exemples concrets tirés de son expérience.
Atelier donné en anglais, ouvert à tous.
ATELIER #2 - La loi des images
Lundi 12 novembre @ 14h00
Cinémathèque québécoise (Salle Norman-McLaren)
90 minutes
Intervenant.e.s
Remy Khouzam, avocat spécialisé dans le domaine de la production audiovisuelle et numérique + Mélissa Beaudet, réalisatrice (Police Académie, 180 JOURS)
La manière de capter les images des autres a beaucoup changé depuis l’époque du cinéma direct. Aujourd’hui, les pratiques documentaires s’inscrivent dans un contexte bien différent, où le développement des technologies et l’explosion des médias sociaux ont permis à tou.te.s de prendre des images et de les diffuser largement. Nous sommes plus que jamais attentif.ve.s à notre image et à celles des autres, à leur dimension sacrée dans l’espace public. Il a donc été important de poser des balises juridiques à l’utilisation et l’exploitation des images. L’avocat Remy Khouzam nous propose de mieux comprendre le droit à l’image grâce à un tour d’horizon des dispositions législatives et un survol jurisprudentiel, afin que les créateur.rice.s sachent mieux comment jongler entre liberté d’expression, vie privée et intérêt public.
En illustrant l’atelier d’exemples concrets de tournage et de montage, Remy Khouzam et Mélissa Beaudet discuteront du bon équilibre entre respect du sujet et intérêt public, vie privée et liberté d’expression. La cinéaste partagera son expérience de réalisation dans des situations délicates, telles que les tournages avec des mineur.e.s et des personnes vulnérables.
Atelier donné en français, ouvert à tous.
ATELIER #3 - Esthétique et analyse de la révolution
Mardi 13 novembre @ 14h00
Centre Pierre-Péladeau (Studio de musique)
90 minutes
Intervenante : Narimane Mari, cinéaste (Loubia Hamra (Haricots rouges) (RIDM 2013), Le fort des fous (RIDM 2017) via Skype
Mai 68 est souvent évoqué dans une perspective purement eurocentriste, alors qu’il s’agit d’une constellation de cinémas qui s’étend à la planète entière, de l’Amérique du Sud à l’Afrique, en passant par l’Asie et le Moyen-Orient. Les insurrections anticoloniales font partie de cette énergie créatrice, et il est important de se rappeler que le cinéma documentaire né de 68 est aussi un cinéma de la décolonisation. La cinéaste franco-algérienne Narimane Mari s’inscrit certainement dans cet héritage.
De manière interactive avec les participant.e.s, la cinéaste s’interrogera sur l’esthétique des événements historiques et contemporains. Pour Narimane Mari, les émotions, les fantasmes et les rêves sont des éléments aussi majeurs dans l’appréhension de l’Histoire que les enjeux politiques, idéologiques et factuels, car ce sont eux qui font l’image cinématographique. Elle expliquera son travail de composition avec différentes sources, sa manière de les interroger chez chaque protagoniste, et de les rechercher dans les décors. Quelle liberté peut-on prendre à ouvrir et mêler ces sources? Quelle responsabilité a-t-on dans ce qui se crée et se dit? Comment l’imaginaire peut-il exploser le réel tout en restant fidèle au sujet? Est-il parfois approprié d’occulter l’esthétique?
Atelier donné en anglais, ouvert à tous.
Ces trois ateliers sont gratuits et ouverts à tous.